Spica's friends: Meno

Meno, je te dédie ce site, toi qui aimais tant les voyages, et, plus encore, les photos de voyage...


Meno, enfant, à l'âge où, d'après ce qu'elle racontait, elle fit sa toute première fugue...		Quelques années de plus...mais elle avait gardé le don précieux des enfants de s'émerveiller de tout et d'oser rêver...

Comme beaucoup des amis qu'elle s'était fait aux quatre coins du monde, j'ai rencontré Meno pour la première fois sur l'internet. Elle passait beaucoup de temps chaque jour à bavarder dans un salon de tchat dédié à l'apprentissage de la langue française. J'avais découvert cette salle un jour où je me préparais pour un voyage en France, et me demandais à quel point, après plus de vingt ans passés aux Etats-Unis, j'avais bien pu oublier mon français.

Meno avait été déclarée, au consensus des habitués du tchat, "la reine" du salon. Elle y accueillait tous les nouveaux venus avec une gentillesse inépuisable, et expliquait généreusement aux étudiants les expressions difficiles de la langue française. J'ai tant de bons souvenirs des trop courts moments que j'ai passés dans ce salon en compagnie de Meno...

Elle nous parlait souvent des rudes hivers canadiens...

Elle nous parlait de son Concorde...

C'est bien normal, pour une reine, d'avoir son propre supersonique, n'est-ce pas ? Meno était toujours prompte à utiliser le sien pour une petite visite impromptue à ses amis, surtout quand elle apprenait que le temps était meilleur chez eux qu'à Montréal.

Elle nous parlait aussi du plus petit de ses amis : Citron. Il avait eu quelques problèmes de santé, et Meno était si heureuse quand il chantait...

		Elle nous parlait du vieux port de Montréal, où elle allait regarder les bateaux, et rêver de voyages. Elle choisissait le plus beau, et le déclarait "son bateau", celui qu'elle utiliserait pour ses voyages de plaisance. Quand je suis allée à Montréal, elle m'a fortement recommendé d'aller, moi aussi, m'y choisir un bateau. Alors, je l'ai fait...

		Voici la photo de "mon bateau", celui que je laisse toujours à Montréal. Meno, je ne m'en sers guère, de ce bateau. Tu peux donc me l'emprunter aussi souvent que tu le désires. Tu as tout ton temps maintenant, toi, pour les ballades de plaisance !

Meno, toi et moi avons beaucoup bavardé, de choses intimes, de choses drôles, et aussi de choses sérieuses. Nous avons même parlé de la mort. Je me souviens que je t'ai raconté le début de mes plans pour après ma mort. Toute première chose pour moi: direction Leipzig, pour écouter enfin Bach en personne jouer sur son orgue préféré. Tu as ri de cette idée folle. Cependant, tu aimais la musique, toi aussi, et nous en parlais parfois quand la radio passait un morceau d'un de tes compositeurs favoris : Mozart, ou bien Debussy.

Mais, fi de ces choses trop sérieuses ! Le plus souvent, nous parlions de tout et de rien, au gré des remarques des tchatteurs de passage. Ou bien, nous jouions, comme des enfants, et nous engagions virtuellement dans des activités diverses. Nous avons ainsi fait de somptueux pique-niques, auxquels tous les visiteurs du salon de tchat étaient invités. Nos recettes préférées y étaient discutées, et nous parlions aussi des vins et des alcools, pour aller avec ces mets délicieux... Nous finissions donc îvres. Mais oui, îvres... virtuellement.

Au cours de ces discussions décousues, je me moquais gentiment des expressions québécoises de Meno. Voici l'une des occasions dont je me souviens : les bleuets. Ce n'est pas du tout la même chose en France qu'au Canada, les bleuets. Quand j'expliquais à Meno ce que j'imaginais quand elle utilisait ces mots régionaux, elle riait, et tappait très vite sur son clavier : "lol, spica !".


La tarte aux bleuets, comme Meno la faisait sans doute... Miam miam !		Mais pour moi, la française, c'est ça, un bleuet...!		...ou bien ça ! Et dans un cas comme dans l'autre, ça ne se mange pas !

Nous nous parlions aussi de temps en temps au téléphone. J'aimais entendre ton rire de petite fille quand tu me racontais ces histoires fascinantes que moi, à cause de ton accent, je n'étais jamais sûre de bien comprendre...

Tous ces rêves, ces amitiés virtuelles, ces voyages imaginaires, c'est bien beau. Mais quand même, à la fin, ça devient un peu frustrant. C'est alors que des choses magiques sont arrivées : Meno y croyait si bien, à ses voyages, que, petit à petit, les idées se sont concrétisées.

Pas d'argent pour se payer les billets d'avion. Et alors ? Si on y pense bien, ce n'est pas un problème si ceux qui sont plus riches contribuent ! Et voilà Meno en possession de son tout premier billet d'avion. Direction : le sud de France, pour visiter la gentille Zab.

Et puis, il y a aussi les amis qui se décident finalement à venir vous rendre visite en personne... Le réseau des voyages d'amitié de Meno, et pour Meno, se developpe... Imaginez ce que ce réseau serait devenu si plus de temps lui avait été donné !

Meno, maintenant que tes yeux ont finalement récupéré toute leur splendeur, que les jambes ne te font plus jamais mal, que tu n'as plus de soucis d'argent, et qu'il fait toujours beau là où tu es, laisse-moi deviner à quoi tu peux bien passer ton temps...

Ah, bien sur, tu voyages ! Il y a tant de belles choses à voir dans le monde, et tant d'amis à visiter ! Si l'on mettait sur la carte ci-dessus tous les voyages que tu as maintenant fait, il y aurait tant de flèches allant dans tous les sens que ça ressemblerait à un feu d'artifice...

Aussi, l'une des choses que tu as surement la chance d'apprécier maintenant, ce sont tous ces galants qui te font la cour. Car c'est toi qui es maintenant, de très loin, la plus jeune et la plus belle! D'ailleurs, n'est-ce pas toi qu'un photographe visionnaire avait immortalisée sur ces vieilles cartes postales que tu aimais tant ?

Amuse-toi bien en nous attendant, Meno. Et, s'il te plaît, viens nous accueillir quand ce sera notre tour de quitter cette terre. D'accord?